Полонскому Я. П., 15 августа 1864>*
36. Я. П. ПОЛОНСКОМУ 15 августа 1864 г. Петербург
Суббота. 15 августа
Что с вами, друг мой Яков Петрович, что ваше здоровье? — О, как мне больно, и за вас и за себя, что вы нездоровы.
Мне с каждым днем хуже. Надо ехать, бежать — и не могу решиться. — Воля убита, все убито.
Знаете ли, что мне пришло в голову в моем тупом отчаянии? — Что, если бы вы мне дали увезти себя за границу — хоть на несколько недель?>* Отпуск получить не трудно, а вы бы спасли меня — в буквальном смысле спасли? — Подумайте и отвечайте. — Еще почти неделя до моего отъезда.
Вам от души пред<анный>
Ф. Тютчев
Тютчевой Д. Ф., 8/20 сентября 1864>*
37. Д. Ф. ТЮТЧЕВОЙ 8/20 сентября 1864 г. Женева
Genève. 8/20 septembre
Merci, ma fille chérie… J’ai reçu presqu’à la fois tes deux lettres des premiers jours de ce mois et cette que tu as écrite à mon sujet à Mad Pétroff. — Ma fille… C’est avec des taches de larmes que je voudrais te répondre et non pas avec de l’encre. — Il y a, j’ai senti dans tes paroles, dans ton accent, quelque chose de si tendre, de si intimement, de si profondément ému, que — vois-tu? — j’ai cru entendre comme l’écho d’une autre voix… d’une voix qui jamais, pendant quatorze ans, ne m’a parlé sans émotion — dont l’accent est toujours encore dans mon oreille et que jamais, jamais je n’entendrai plus…>*
Merci, ma fille, merci de m’avoir parlé de cette voix-là…
Ce qui m’a aussi profondément touché dans ce que tu me dis, c’est la coïncidence de nos pensées… Car au moment où tu m’écrivais que tu attends avec impatience que je te dise que tu pouvais m’être bonne à quelque chose, moi, je me disais dans mon for intérieur, je l’ai dit même à Anna, que si quelque chose pouvait me ranimer, me donner au moins une illusion de vie, ce serait de me conserver, de me dévouer à toi, ma pauvre enfant chérie, — à toi, si aimante et si seule, — à toi, si peu raisonnable en apparence et si profondément vraie, — à qui j’ai transmis peut-être, par héritage, cette terrible faculté sans nom qui rompt tout équilibre dans la vie, cette soif d’affection — que pour toi, ma pauvre enfant, rien n’est venu étancher… Ah, oui, si je pouvais — à défaut de mieux et en attendant mieux — être pour quelque chose dans ta vie, te donner le change, au moins, sur le vide, sur le néant de ton existence, — eh bien, cela me tirerait peut-être aussi de cette torpeur désespérée où me voilà, et qui me prive même de la faculté de trouver des paroles pour l’exprimer. — En un mot, ce que je voudrais, ma fille, c’est que ce débris de vie, d’âme et de cœur, qui me reste et qui n’est plus bon à rien, te soit bon à quelque chose…
Dieu me garde d’être ingrat, mais si quelqu’un pouvait se douter de mon état — torpeur ou torture — mais toujours désespoir…
C’est la semaine prochaine que je fais mes dévotions — ici-même — ici, pas ailleurs. Jusqu’à présent je me suis senti, comment te dirai-je, — l’âme trop épileptique, pour aborder cette sainte chose — prie p moi…
Dis à Kitty que je l’embrasse du fond du cœur et la remercie… Je sais, je sens ce qu’il y a de vive sensibilité sous sa raison et ce que cette raison lui en coûte parfois… Que Dieu vs garde toutes deux et vous tienne compte de votre affection p votre pauvre père. T. T.
Перевод
Женева. 8/20 сентября
Благодарю, моя милая дочь… Я получил почти одновременно оба твоих письма от начала сего месяца, а также и то, в котором ты писала обо мне госпоже Петровой. — Дочь моя… Я хотел бы написать тебе слезами, а не чернилами. — В твоих словах, в их интонации я ощутил нечто столь нежное, столь искренно, столь глубоко прочувствованное, что — вообразишь ли? — мне почудилось, будто я слышу отзвук… другого голоса, никогда в течение четырнадцати лет не говорившего со мной без душевного волнения, того голоса, что и посейчас еще звучит в моих ушах и которого я никогда, никогда более не услышу…>*
Спасибо, дочь моя, спасибо, что так со мной говорила…
