ПСС. Том 78. Письма, 1908 г. - страница 14

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1908 г. Января 22. Я. П.


Получил последнее письмо ваше, милый брат Иван Маркович, и очень сожалею о том, что ваши прежние письма не дошли. Часто думаю о вас и радуюсь и страдаю за вас. Помогай вам бог, тот, который живет в вас, переносить с кротостью и одинаковой ко всем любовью ваше положен.

Братски мысленно целую вас. Лев Толстой.


Печатается по копировальной книге № 8, л. 90. Приписка к письму H. Н. Гусева. Впервые опубликовано в «Толстовском ежегоднике 1913 года», Спб. 1914, стр. 144. Датируется по письму Гусева.

Об Иване Марковиче Куртыше (ум. 1911) см. т. 77, стр. 221.

Ответ на письмо Куртыша от 14 января 1908 г. Куртыш выражал сожаление, что несколько его писем, отправленных нелегальным путем, видимо не были получены Толстым. Для книг, которые он очень ждал, он не мог указать частного адресата и просил выслать их в адрес тюремной конторы. На конверте его письма помета Толстого: Ответ Н. Н. Гусева отпечатан в копировальной книге на том же листе.

* 25. Зимако (Zimaco).

1908 г. Января 26/февраля 8. Я. П.


Cher ami et frère,

Je viens de recevoir votre lettre au sujet de la mienne à Sienkéwitch. Non seulement l’approbation, mais la compréhension des principes chrétiens est tellement rare par le temps qui court que la reception de votre lettre a été une grande et rare joie pour moi.

Vous me demandez si je partage vos idées exprimées dans votre lettre et la brochure adressée à Nicolas II>1. Je tacherai de répondre le plus franchement et sérieusement à cette question.

Vos idées sur la propriété, surtout sur l'odieuse propriété de la terre, sur l'horreur du patriotisme — et>2 des guerres et de la paix armée qu’il engendre, me sont très chères, et j’ai fait pendant un quart de sicèle tout ce que j’ai pu pour les populariser autant que possible.

Pour lutter contre la terrible superstition de la propriété foncière, j’ai écrit au chef du gouvernement en lui proposant le beau rôle de se mettre à la tête de cette restitution à la grande majorité du peuple de ses droits les plus sacrés.>3 Je reitère encore à présent les même démarches.>4 Excepté ces démarches auprès du gouvernement, je suis heureux de dire que je possède beaucoup d’amis, dont le nombre augmente de jour en jour, qui envisagent la terre comme quelque chose qui ne peut pas être un objet de propriété. Il y en a entre eux plusieurs qui, étant propriétaires fonciers, ce sont dédits de ce qu’ou envisageait соmmе leur droit.

Pour ce qui est du militarisme, je suis heureux de dire, que tous les jours je reçois des lettres de mes amis inconnus, des vrais chrétiens, qui souffrent les emprisonnements et la misère de leurs familles pour leur refus du service militaire. Aujourd’hui encore le meme courrier qui m’apporta vorte lettre m’en remit deux: l’une d’un jeune soldat qui est en prison depuis deux ans, qui m’écrit qu’il se sent heureux et content;>5 et l’autre de Bulgarie, de la part des amis de quatre jeunes gens, qui souffrent la même chose de la part de leur gouvernement.>6

De sorte, que pour ce qui regarde vos principes fondamentaux et les résultats auxquels vous tendez, je coincide complètement avec vous. Je crois pouvoir dire même que quelques minimes que soient les résultats obtenus par les personnes qui tachent de suivre les principes chrétiens dans toute leur parlée ampleur, ces résultats sont plus grands que ceux auquels jusqu’aprésent sont arrivés les communistes anarchistes.

Cela m’amene au fond de la question et à la seule différence d’opinion qui existe entre nous.

Vous dites que le problème social est avant tout un problème économique. Je ne le pense pas. Le problème social, comme vous le dites, ou l’avenement du royaume de Dieu, comme vous l’entendez et comme je l’entends, est beaucoup plus vaste. Le problеme économique n’est qu’une toute petite partie de l’arc du cercle. Il y a les rapports des sexes, l’éducation des enfants, la manière d’agir envers les assaillants, les fous, les animaux et une quantité d’actions personnelles et de rapports entre les hommes qui n’entrent pas dans le problème économique et qui sont les plus importants pour l’humanité. Tous ces problèmes ne se solvent pas par la solution du problème économique. La solution de ces problèmes et de tous ceux qui peuvent se poser devant l’homme, n’est pas dans les lois économique mais dans le domaine spirituel. Leur solution est celle que donne l’apôtre Jean dans ses épîtres. La solution est dans la révélation de l’amour. Je dis «révélation» parce que je crois que l’amour n’est pas une prescription, mais une loi intérieure de la vie de l’homme; que l’amour est le seul moyen pour l’homme d’atteindre au bonheur, auquel il tend naturellement. Cette loi a été révélé non seulement par la chrétienté, mais par tous les sages du monde: Egyptiens, Chinois, Indiens, Grecs etc. Mais elle n’a pas été acceptée et comprise que par une toute petite minorité. L’histoire de l’humanité n’est pas autre chose que la réalisation progressive de cette loi, l’acceptation de cette loi, le remplacement de l’egoïsme par l’amour, non pas pour récompenser d’autre tombe, mais pour le vrai bonheur de cette vie.


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