Том 6. Письма, 1860-1873 - страница 40

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, так мало имело значения в глазах моих. Теперь не то — далеко не то. Итак, я желаю, чтобы стихи были напечатаны, как они есть. Вчера я отправил в редакцию новую пьесу, искаженную в «Дне»>*. Она будет третьею, а четвертою та, которая непосредственно к ней относится. Полного моего имени выставлять не нужно, довольно буквы Т.>* Я не прячусь, но и выставлять себя напоказ перед толпою не хочу. Для сочувствующих одного намека довольно. — Родственно и от души обнимаю все ваше семейство.

Ф. Тютчев

Тютчевой А. Ф., 17/29 марта 1865>*

46. А. Ф. ТЮТЧЕВОЙ 17/29 марта 1865 г. Париж

Paris. Mercredi. 29 mars 1865

Je ne veux pas quitter Paris sans t’avoir donné signe de vie. Paris m’a fait quelque bien… Il m’a momentanément distrait et étourdi. Et puis ce qui m’a fait aussi beaucoup de bien, c’est la cessation de Nice. Je m’en veux de l’antipathie, de la rancune que j’ai gardées à cette pauvre localité, si brillante d’ailleurs — et qui, je le sens, hélas, autrefois et dans d’autres conditions, m’aurait souri à moi, comme à tant d’autres… mais les longues heures de tête-à-tête que j’ai passées, et dont Dieu seul connaît toute l’amertume, je l’ai si bien saturée de moi-même que je l’ai comme empoisonnée. — L’Italie a joué un singulier rôle dans ma vie… Deux fois elle est venue à moi comme une vision funèbre, au lendemain des deux plus grandes douleurs qu’il m’ait été donné d’éprouver…>* Il y a des pays où l’on porte le deuil en couleurs éclatantes. Il paraît que je suis de ces pays-là… Mais laissons cela, sortons de mon triste moi, car je sens qu’il me rend odieux… Dans cette même Nice, pourtant, si antipathique, de combien d’affections n’ai-je pas été entouré… toi d’abord, ma fille chérie, ces réunions à dîner chez toi, que j’aimais beaucoup… ma bonne Daria, essayant de me consoler, quand elle-même aurait si fort besoin de l’être… l’excellente Antoinette que je n’ai pas suffisamment remerciée de tout l’intérêt, de toute l’amitié, qu’elle m’a témoignés, et tant d’autres à des degrés différents… Ah, l’homme qui souffre doit souvent paraître bien haïssable.

C’est donc décidément le 22 du mois prochain que vous aussi, vous quittez Nice. La certitude de cette date me soulage… Combien Marseille, Lyon, toutes ces villes par où vous repasserez vous paraîtront belles, combien l’entrevue même vous paraîtra intéressante. — Eh bien, ici, à Paris, je ne sais pourquoi on n’a pas ce sentiment de séparation, d’éloignement, d’expatriation, que j’éprouvais à Nice… Il est vrai qu’à Paris le Génie du Lieu m’a toujours été bienveillant. J’aime cette localité. — On a dit que c’est l’endroit du monde où l’on se passe le mieux du bonheur. Ce qui est sûr au moins, c’est qu’on ne lui en veut pas de l’avoir perdu… Cette fois… mais laissons cela.

J’ai vu ici beaucoup de monde, entr’autres des personnes attachées à la Cour d’ici, les Tascher>* par ex. Pas une ne m’a adressé la moindre question sur Nice et votre séjour… Cela peut être aussi une distraction. Je crois pourtant savoir que les dispositions personnelles sont loin d’être d’une nature amie… L’autre jour j’ai assisté à une séance du Corps législatif. — C’est toujours encore la révolution qui continue. Non pas que le régime actuel ne convienne admirablement aux masses françaises. Mais les partis, qui finissent toujours par avoir le dernier mot en France, ne le supporteront pas longtemps — mais un autre pas plus que celui-là… En un mot, dans le milieu politique, les régimes sont comme certains animaux dans les ménageries qui vivent bien p leur propre compte, mais qui ne se reproduisent pas… J’aurais mille choses à te dire. Mais le temps et le papier me manquent. Nous partons ce soir. Dieu te garde, ma fille chérie.

T. T.

Перевод

Париж. Среда. 29 марта 1865

Не хочу покинуть Париж, не подав тебе весточки о себе. Париж мне немного помог… Он на время развлек меня и заставил забыться. Гораздо легче мне стало также и оттого, что кончилась Ницца. Досадую на себя за неприязнь, даже отвращение, питаемое мною к этому несчастному уголку, столь, впрочем, лучезарному, что — увы, я это понимаю — в прежнее время и при других условиях он улыбался бы мне так же, как и стольким иным… но за долгие часы моего с ним общения, проникнутые такой горечью, о которой дано судить лишь Господу Богу, я до того насытил его собой, что этим как бы отравил. — Странную роль сыграла Италия в моей жизни… Дважды являлась она передо мной, как замогильное видение, после двух самых великих скорбей, какие мне суждено было испытать…


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