Том 6. Письма, 1860-1873 - страница 20

Шрифт
Интервал

стр.

, христианства столь непосредственного, христиан, которые не воспитываются, а сами рождаются. Так же как дивные голоса в Италии.

Сделай одолжение, моя милая дочь, ознакомься с прилагаемыми листками. Это стихи князя Вяземского — впрочем, довольно тяжеловесные — и сопроводительная записка Валуева, который мне их посылает. Стихотворение можно бы передать Каткову, он с удовольствием поместит его в ближайшем выпуске «Русского вестника»>*. Будь добра, снесись с ним.

Вот еще услуга, которую ты мне окажешь. В Москве, как ты знаешь, есть некий господин Бессонов, друг и протеже Анны. Этот Бессонов писал мне какое-то время тому назад, что желал бы переменить свое теперешнее место службы на должность в Московском Архиве и в связи с этим просил меня походатайствовать за него перед князем Горчаковым, что я и не преминул сделать. Князь Горчаков поручил мне ответить ему, что с превеликим удовольствием использовал бы его дарования и его признанное и неоспоримое трудолюбие в интересах данного учреждения, но что он принял за правило никогда прямо не вмешиваться в назначения и что, следовательно, надлежало бы предварительно заручиться согласием князя Оболенского. Именно это и передай Бессонову, пустив в ход, дабы подсластить пилюлю, все твое скромное и действенное обаяние. — И засим, дочь моя, позволь с тобой расцеловаться.

Храни тебя Бог.

Ф. Т.

Тютчевой Е. Ф., 26 октября 1863>*

21. Е. Ф. ТЮТЧЕВОЙ 26 октября 1863 г. Петербург

Samedi. 26 octobre 1863

C’est demain le 8 novembre, ma fille chérie, et je tiens à arriver à temps pour être aussi de la fête>*. — Cette date me reporte à des temps qui sont de la fable pour vous, bien qu’ils aient commencé votre histoire, et qui parfois me sont si présents… Je me vois encore, à la date de ce jour, il y a quelques années, — courant de tout côté à la recherche du médecin, le trouvant enfin, attablé chez un de ses amis, et l’arrachant non sans peine aux délices du festin, pour aller vous faciliter votre arrivée dans ce monde… Où était-elle alors, cette belle et gracieuse réalité qui êtes vous — et comment se cachait-elle dans ce petit souffle de vie, à peine recouvert d’un peu de matière! — Et de se dire que ce moment, où vous existiez déjà, vous restera aussi profondément étranger, aussi profondément inconnu que les temps qui ont précédé la guerre de Troie! — tout comme ta vie actuelle, ton heure présente devait rester lettre close pour ta pauvre mère… Ah que l’existence humaine est un étrange rêve!..

Nous avons eu ces jours-ci parmi nous l’excellent Катков>* qui a été comme de raison beaucoup fêté et cajolé par les puissances, mais qui s’en retourne peu édifié, je crois, de tout ce qu’il a vu et entendu dire. Hier j’ai fait son cornac chez le Prince Горчаков qui avait réuni à ce dîner, pour faire fête à son hôte, toutes les intelligences de son Ministère. Ce qui est touchant dans Катков, c’est de voir un esprit très ferme et très sagace associé à un excellent naturel, doux et infiniment sensible aux témoignages qu’on lui prodigue, ce qui le condamne quelquefois à se sentir tout attristé de ce qui aurait agréablement flatté l’amour-propre ou la malveillance d’une nature plus personnelle…

Ici la nouvelle du jour c’est le discours d’ouverture de l’Empereur Napoléon dont le résumé télégraphié a été transmis par Budberg>*. Le trait saillant du discours c’est la déclaration que les traités de 1815 n’existent plus et la proposition, par suite de cela, d’un congrès g<énér>al, où toutes les questions pendantes seraient discutées, — comme une combinaison qui, ayant été une fois indiquée par la Russie, était de nature à lui être proposée, sans la blesser. — On sait déjà que l’effet du discours n’a pas été heureux sur l’Ambassadeur d’Angleterre, et il en sera probablement de même de l’Autriche qui ne goûtera pas plus l’idée d’un congrès g<énér>al, où elle siégerait à côté de l’Italie, que l’Angleterre ne goûtera la prétendue annulation des traités de Vienne. — Par toutes ces raisons, c’est nous qui avons le moins de motifs d’être mécontents du dit discours — qui, en définitive, ne fait que constater la divergence croissante des opinions de nos adversaires — et sur ce, ma fille, je vs embrasse et vs souhaite encore une fois la bonne fête.


стр.

Похожие книги