Том 6. Письма, 1860-1873 - страница 17

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Тютчевой Д. Ф., 23 сентября/5 октября 1863>*

18. Д. Ф. ТЮТЧЕВОЙ 23 сентября/5 октября 1863 г. Петербург

St-Pétersbourg. Lundi. 23 septembre/5 octobre

Ma fille trois fois chérie. Si les pensées humaines avaient l’heureuse faculté de se convertir d’elles-mêmes en lettres écrites, pliées, cachetées et expédiées à la poste — assurément il ne se passerait pas de jour où tu n’en eusses reçues deux ou trois de moi, tant mes pensées sont habituellement dirigées vers vous, vous entourant et vous couvant avec une affectueuse sollicitude. — Aujourd’hui enfin, sous une forme plus palpable, je te les expédie, sur l’avis de Kitty, tout droit à Genève, aux Eaux vives, maison Pétroff>*, dans l’espoir qu’elles t’y trouveront encore. Ce que j’appris en dernier lieu à ton sujet, c’est-à-d au sujet de ta cure et de ses résultats, m’a fait plaisir, mais cette certitude acquise d’un mieux déjà réalisé dans l’état de ta santé ne conjure guères, hélas, quant aux appréhensions de l’avenir et d’un avenir tout à fait imminent. Quelle résolution vas-tu prendre en vue de l’hiver prochain? Que te dira à ce sujet ta voix intérieure, la seule conseillère que tu aies? J’attends cette décision avec un vif et tendre intérêt, reconnaissant mon incompétence à émettre un avis qui ne soit hérissé d’inconvénients, dans la situation donnée. La seule chose dont j’ai l’intime conviction, c’est que je me sentirai très heureux de te revoir. — Indépendamment de tes lettres, j’ai eu dernièrement de tes nouvelles par le Comte G. Stroganoff>* — dix jours après qu’il t’avait vue, à Ouchy, chez la Grande-Duchesse. J’aurais aimé t’y voir moi aussi. — Ces beaux sites, qui ne vous empêchent pas d’être malheureux quand on y est, ont une magie irrésistible, vus de loin. L’expérience ne sert de rien et bien que reconnue, cette illusion d’optique devient la plus pressante des réalités. — Est-ce en présence de ces beaux sites que tu liras ces lignes écrites dans une demi-obscurité — entre 4 et 5 heures du soir, aux dernières lueurs d’un soleil qui est beaucoup plutôt une conjecture qu’une certitude? — Les vendanges ici n’ont pas encore commencé — et en fait de Mont-Blanc, j’ai devant les yeux le Gostinnoi-Dvor, tout mouillé de pluie.

Je ne te parle pas de ce qui concerne la famille, sachant que Kitty s’acquitte de ce soin — et d’ailleurs ce qu’il y aurait à en dire ne serait guères réjouissant. C’est quelque chose de triste et de terne, comme l’est tout déclin, de plus en plus accusé.

Quant à moi, dans le moment donné, c’est sur ma pauvre femme surtout, et sur Marie>*, par ricochet, que s’arrête et s’épuise ma plus vive sollicitude. — Ses lettres probablement t’auront informée de tous les tracas, déboires et dégoûts, par lesquels elle a passé dans ces derniers temps. — En ce moment-ci, grâce à l’argent que j’ai pu lui envoyer, elle a dû se sentir un peu soulagée. — Pas moins, elle en a encore pour deux mois peut-être de cette abominable réclusion à la campagne. — D’Anna je n’ai eu qu’une lettre (sans date) depuis son arrivée à Livadia>*. J’ignore si elle y a revu (et comment) le grotesque héros de son absurde roman>*. — Enfin, ce qui est certain, c’est que nous sommes, à l’heure qu’il est, grandement dispersés. — Plaise au Ciel de nous réunir prochainement sans que personne manque au rendez-vous. — Au revoir donc, à bientôt, ma fille chérie.

Перевод

С.-Петербург. Понедельник. 23 сентября/5 октября

Бесконечно милая моя дочь. Если бы человеческие мысли обладали счастливой способностью сами обращаться в письма, написанные, сложенные, запечатанные и отправленные по почте, я уверен, не проходило бы дня, чтобы ты не получала от меня два или три письма, ибо мысли мои постоянно обращены к тебе, опекают тебя, окружая заботой и лаской. — И вот сегодня посылаю их тебе в более осязаемой форме, по совету Китти, прямо в Женеву, на Воды, в дом Петрова>*, в надежде, что они тебя еще там застанут. Последние известия о тебе, то есть о твоем лечении и о его результатах, меня порадовали; однако, хотя и можно с уверенностью утверждать, что в состоянии твоего здоровья наступило несомненное улучшение, это, увы, не снимает опасений за будущее, и за будущее самое близкое. Какое решение ты примешь относительно зимы? Что скажет тебе на этот счет твой внутренний голос, единственный твой советчик? Жду твоего решения с живейшим интересом и участием, поскольку признаю свою неспособность предложить в сложившейся ситуации что-либо, не сопряженное со множеством неудобств. Единственное, в чем я глубоко убежден, это в том, что буду безмерно рад тебя увидеть. — Независимо от твоих писем, я недавно получил о тебе известия от графа Г. Строганова


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