Том 4. Письма, 1820-1849 - страница 38

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. Mais je n’en ai pas rencontré une seule, dont on ne m’ait pas officiellement désigné l’amant ou les amants. Et cela sans nulle intention de médisance, pas plus que si on m’avait dit, en me montrant une voiture passer dans la rue: c’est la voiture de Mad. une telle… Tout ce que je vous dis là, une fois écrit, paraît un lieu commun. Mais vu en réalité et de près, cela ne laisse pas que d’être assez piquant. Il en est de même d’une autre circonstance propre au pays. C’est à côté de cette facilité de mœurs, l’extrême dévotion qu’il y a ici, dans les femmes surtout. Aussi pendant le temps de l’avent, qui vient de finir, les églises étaient combles. La ville entière avait l’air d’un couvent. Pas de spectacle, de bal, ni de concert. Pour toute récréation le sermon le matin. Aussi les femmes, je parle de celles de la plus haute société, y étaient-elles en foule. Et quel sermon! Quelle rigueur, quelle austérité, quelle intolérance! Le soir, il est vrai, personne n’y songeait plus.

Mes rapports avec la famille Obrescoff sont toujours de la nature la plus satisfaisante. Je dîne tous les jours chez eux comme par le passé et j’y passe ordinairement ma soirée. Ce n’est pas que je m’y amuse excessivement. Cette intimité forcée a même quelque chose qui me gêne parfois. Mais ce n’est pas à changer. Il leur venait un peu plus de monde dans ces derniers temps. Mais maintenant que le théâtre s’est rouvert tout cela va cesser. Sa femme est déjà très avancée dans sa grossesse. C’est à la fin de janvier qu’elle doit accoucher. Elle est très bien jolie, ayant beaucoup de tact, de la tenue. Mais elle dépérit d’ennui ici. En effet, il n’est pas agréable, après cinq ans du séjour dans un pays, de s’y trouver aussi étrangers qu’ils le sont ici. Et il faut le dire, la faute n’en est pas toute entière à la société de Turin. Obrescoff, je dois le reconnaître, est loin d’avoir dans ses rapports avec les indigènes la même obligeance que celle, p ex, dont il fait preuve envers moi. Il ne leur dissimule pas assez le peu de sympathie qu’ils lui inspirent et son désir extrême de les quitter.

La mission vient de s’accroître d’un jeune attaché, un Mr Tom-Have, hanovrien, autrefois secrétaire du Prince d’Oldenbourg>* et que celui-ci, pour s’en débarrasser, je crois, vient de lancer d’un coup de pied dans la carrière diplomatique. C’est un bon diable, grand, raide, candide, un peu poitrinaire et se sentant malheureux, comme doit l’être un homme qui tombe des nues à Turin. Faute de mieux il s’est tendrement attaché à moi et a élu domicile dans la maison où je me suis logé. Car, à mon retour de Gênes, j’ai quitté l’auberge pour me mettre en garni. J’occupe un appartement, composé de deux pièces, avec une toute petite chambre pour le domestiqie que je paie 100 fr par mois — meublé bien entendu. C’est tout ce que j’ai pu trouver de moins cher.

Simonetti>* est ici depuis quelques jours. Il me paraît ici moins endormi, moins solennel qu’à Pétersb, mais non, certes, moins réservé. On dit ici qu’il ne retourne plus à son poste. Mais c’est un bruit dont on ne manque jamais de saluer ici tout diplomate du pays qui revient en congé à Turin. C’est une coutume locale. Il me charge de mille tendresses pour Nelly.

J’ai reçu dernièrement une lettre de Potemkine en réponse à celle que je lui avais écrite de Gênes>*. Il ne ferait qu’arrêter à Rome, et s’y trouvait encore tout dépaysé. Sa lettre, comme d’ordinaire, est pleine d’amitié. Il en a écrit en même temps et de son propre mouvement, une autre à Obrescoff pour me recommander instamment à lui, le brave, cher homme. C’est un crime au Vice-Chancelier de désunir deux cœurs, si bien faits l’un pour l’autre.

Je suppose, d’après ce que vous me dites de la prolongation de congé accordé à Nicolas, que cette lettre ne le trouvera plus à Pétersb. Qu’en avez-vous fait, qu’en avez-vous obtenu? Se prête-t-il au mariage? Mille amitiés à Dorothée et à son mari. Lprospère-t-il?

Maintenant j’en viens à ma femme. Patience, mon ami. Je t’écrirai dans quelques jours. Mais ce que je puis te certifier dès à présent, c’est que le retard de tes lettres me fait passer de rudes moments. L’avant-dernière était du 13 novembre, et ce n’est que le 23 décembre que j’ai reçue la dernière qui est du 16/28 nbre. Toutes celles que tu m’écrivais par


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