ПСС. Том 59. Письма, 1844-1855 гг. - страница 179

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Прощай, любезный другъ, не сердись на меня за молчаніе и когда нибудь напиши длинное письмо, я же напишу длинное, какъ скоро здѣсь будетъ потише. Узнай, пожалуйста, съ кѣмъ сноситься въ редакцію Современника и отпиши.

Твой другъ и братъ Гр. Л. Толстой.


На 8 странице:

Его Сіятельству Графу Сергѣю Николаевичу Толстому.


Печатается по автографу, находящемуся в ГТМ. Публикуется впервые. Письмо датируется на основании слов: «поручику в стрелковом полку». О зачислении гр. С. Н. Толстого в стрелковый полк Толстой узнал из письма гр. В. П. Толстого от 9 апреля 1855 г. См. прим. 7 к п. № 97. На то, что письмо писано в Севастополе, указывают слова: «как скоро здесь будет потише».


>1 Лев Федорович Балюзек. О нем см. прим. 6 к п. № 96.

Докладная записка командующему войсками кн. М. Д. Горчакову. См. т. 4.

* 100. Т. А. Ергольской.

1855 г. Мая 7. Севастополь.

7 Mai.


Chère Tante!

J’étais à 6 verstes de Sebastopol quand le bombardement a commencé, et la première idée qui m’est venue quand j’ai appris ce que c’était — était de vous écrire dès que le bombardement aurait fini, pour que vous l’appreniez par moi et non par les gazettes; mais le lendemain notre batterie est entrée dans la ville, et péndant tout le reste du bombardement elle y est restée et reste jusqu’à présent. J’ai été au bastion,>1 mais le diable n’est pas aussi noir qu’on le fait, je vous assure, et ce bombardement n’a pas été aussi terrible comme [le] on le. décrit. Je dirai au contraire, que c’est l’époque la plus agréable que j’aie passée. Pour le moment tout est presque tranquille, je vais faire mon service au bastion durant 4 jours et puis je suis libre pour 12 jours, que je passe très agréablement. J’ai un logement très élégant avec un piano, qui donne sur le boulevard où il y a promenade et musique toutes les après-diners, j’ai beaucoup de bonnes connaissances, le temps est superbe, j’ai commencé à prendre des bains de>4mer. De sorte que si depuis quelque tems je fais le paresseux et même à un tel point que je ne puis prendre sur moi d’écrire des lettres, ce n’est ni à cause du service ni à cause des dangers, mais au contraire parce que la vie est ici trop agréable. Cependant j’avais commencé ma lettre dans le but de vous expliquer ou plutôt de vous demander pardon de mon silence. Les lettres sont si longues à aller et venir et vous écrire pendant que le bombardement durait m’était désagréable et puis le bombardement cessait petit-à-petit; et puis j’ai reçu votre excellente lettre d’après laquelle je vois que vous avez déjà eu la nouvelle du bombardement par les gazettes.>2 Tout ce que cela prouve cependant est seulement que je suis un vilain grand garçon, qui ne mérite l’amour que vous lui portez que par le sien et non par sa conduite. Je ne saurais vous dire combien m’a touché votre bonne lettre, dans laquelle vous ne voulez pas me gronder, me croyant à plaindre et tâchez de me consoler. Je n’ai plus joué et j’ai payé une partie des dettes les plus criantes avec l’argent 400 r. que j’ai reçu de Valérien; mais il m’en reste encore plus de 600 qui me tourmentent. Je crois ne pas avoir besoin de vous dire que je désire et tâche de suivre les conseils de modération et d’activité que vous me donnez; et jusqu’à présent je n’ai encore rien à me reprocher sous ce rapport qu’un peu de paresse; mais au reste j’ai une excuse qui j’espère vous paraitra assez grave: c’est le genre de vie que j’ai mené et que je mène tantôt dans une bonne société, tantôt dans une société canaille, tantôt dans les privations, tantôt dans le luxe même; il est difficile dans ces circonstances de ne jamais dévier du chemin qu’on s’est tracé. — Adieu, chère tante, j’ai voulu écrire beaucoup; mais voilà qu’on m’appelle pour diner, je ne sais si je pourrais écrire encor le soir, car je suis de service. Je tâcherai de vous écrire plus souvent mais au nom du Ciel ne vous tourmentez pas trop sur mon compte, je vous assure que les dangers que je cours ici ne sont pas trop grands, et aussi ne me désirez pas du succès dans le service, cela me fait trop de peine de ne pouvoir remplir vos voeux sous ce rapport, ne désirez po[ur] moi que la santé et le bonheur — ce sont là des biens véritables. Tandis que pour le succès, c. à d. l’avancement, les honneurs — je ne suis pas fait pour l’avoir. Figurez vous que je n’ai pas pu prendre sur moi de porter la lettre de tante Pauline


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