ПСС. Том 59. Письма, 1844-1855 гг. - страница 173
* 97. Т. А. Ергольской.
1855 г. Марта 13. Позиция на р. Белъбек.
13 Mars 1855.
Chère tante!
Il у a des siècles, que je n’ai rien reçu ni de vous ni de personne des notres. Je sais que la faute en est à moi ou plutôt aux circonstances. En partant le 2 de Novembre pour Sévastopol je n’ai pas changé mon adresse mais on m’envoyait mes lettres réguliérement, quoique tard pendant que l’état major de Gortchakoff était à Kichineff ; mais à présent que le Prince comme vous savez probablement est nommé à la place de Menchikoff>1 et est venu en Crimée>2 avec tout son état major Serjpoutovsky>3 et tous les autres, je suis sûr qu’il y a une quantité de mes lettres qui y sont restées. Dès à présent mon adresse est tout bonement à Sévastopol. Je vous ai parlé, je crois de la manière dont j’ai passé le premier tems de mon séjour en Crimée. En somme je l’ai passé agréablement, occupé que j’étais de mon service et de l’interêt général de la guerre; mais à commencer du nouvel an quand j’ai reçu l’argent destiné au journal qui a avorté, mon genre de vie a été des plus désagréables oisif et immoral.
Pendant la plus vilaine saison ici, la vie de camp, dans (la) plus mauvaise société, sans occupations — n’ayant même pas le moyen de m’occuper, ayant reçu la somme assez considérable destinée à mon Journal, j’ai commencé à jouer et une fois le premier pas fait je n’ai plus pu m’arrêter, que lorsque j’ai tout perdu et que je suis resté de voir encore près de 700 r. arg.>4 — A présent grâce à Dieu, le printems qui a toujours sur moi une influence bienfaisante, mes dévotions que j’ai faites la semaine passée,>5 l’arrivée du Prince chez lequel j’ai été et qui de nouvau m’a très bien reçu et surtout l’amitié d’un de mes camarades un Certain Броневской (le cousin de ceux de Casan) avec lequel je me suis lié ici: tout cela Dieu merci a agi sur moi poui m’arrêter sur le point où j’étais de nouvau de retomber dans la position dans laquelle j’étais avant mon départ au Caucase. La somme que j’ai perdu est considérable je sais; mais avec de l’économie de la persévérance pour le travail j’espère réparer ce mal avant un an. Soutenez moi chère tante dans ces dispositions, je l’ai dit et je répeterai toujours: rien ne me fait tant de bien moral comme vos lettres. Je ne puis pas cependant ne pas vous parler de ce que m’occupe pour le moment plus que toute chose — c’est Броневской. — Je n’ai jamais rencontré un meilleur coeur un caractère aussi noble, que cet homme et j’espère que jamais je ne me desenchanterai sur son compte, que notre amitié durera et que quelques uns des plans que nous faisons se réaliseront un jour.>6 — Que vous dirais-je de la guerre. Rien n’a changé ici, excepté le commandant en chef et que nous avons plus d’ordre et plus de troupes, Sévastopol est toujours assiégé on se bat tous les jours et on désire la paix. Quelle sera la fin de tout ceci, personne ne le sait, mais Dieu donne seulement qu’elle arrive plus vite; tout le monde en a assez et surtout l’ennemi. Adieu chère tante je baise vos mains mille et mille fois et vous prie de me pardonner tous les chagrins que je vous cause. — Je ne sais trop pourquoi, mais je suis convaincu que je vous reverrai l’année 55.
Si vous voyez Valérien dites lui, je vous en prie, qu’il m’envoye le [plus tôt] plutôt possible l’argent les 600 r. arg. que je lui demande dans ma derniere lettre.>7 Cette dette me pèse terriblement.
13 марта 1855.
Дорогая тетенька!
Целый век не получал писем ни от вас, ни от кого из наших. Знаю, что виноват я, или, вернее; обстоятельства. Уезжая в Севастополь 2 ноября, я не дал другого адреса, но пока главный штаб Горчакова находился в Кишиневе, письма мои пересылались мне аккуратно, хотя и с опозданием. Теперь же, как вам, вероятно, известно, князь назначен на место Меньшикова,>1 он приехал в Крым,>2 со своим главным штабом, с Сержпутовским>3 и со всеми прочими, и я уверен, что пропасть писем ко мне осталась там. Теперешний мой адрес просто в Севастополь. Кажется, я уже описывал вам первое время своего пребывания в Крыму. В общем я провел его приятно, будучи занят службой и охваченный общим интересом к войне; но начиная с нового года, когда я получил деньги, предназначенные на журнал, который провалился, мой образ жизни стал праздным и безнравственным.