ПСС. Том 59. Письма, 1844-1855 гг. - страница 155

Шрифт
Интервал

стр.

— Это мне часто приходит на мысль, и отчего это всё как-то не то, в том я не могу себе дать отчета, но по крайней мере мне так кажется.

Что Горчаков сделан главнокомандующим я этому очень рад, а что в Крыму неприятель, это нехорошо. Что-то будет дальше? — это все очень меня интересует. —

Планов у меня нет почти никаких; думаю я нынешнею зимою кой-куда недалеко съездить на своих; к братьям может быть заеду, так, чтобы время зимнее провести, а к весне опять возвращусь к себе хозяйничать. Вот тебе, друг мой, описал всё, что есть на душе откровенно. Прошу тебя прислать мне свой новый адрес, потому что вероятно тебя уже переместили опять, и тогда я тебе буду писать еще. Хоть и не предвижу ничего нового, но напишу всё, что будет; затем прости, будь здоров, остаюсь всегда любящим тебя, брат и друг твой Г. Д. Т. 1854 г. октября 20-го.

Если ты будешь зимой на постоянном месте, то я и к тебе хочу приехать; напиши мне об этом». (Письмо не опубликовано; подлинник в АТБ.)

Доктур[ов] — майор, сын сенатора, Федор Николаевич Дохтуров (р. в 1828 г.), которому Дмитрий Николаевич выдал 24 ноября 1852 г. вексель на 4500 р., из которых при своей жизни уплатил 1400 р. Об этом см. еще т. 61. Маша — «гражданская» жена гр. Д. Н. Толстого, взятая им из публичного дома. Впоследствии они опять сошлись, и Дмитрий Николаевич умер на ее руках. Упоминаемого письма Льва Николаевича к гр. Валер. Петр. Толстому не сохранилось. Максим — очевидно садовник.

* 88. Т. А. Ергольской.

1854 г. Июля 5. Бухарест.


Chère et excellente tante!

Figurez vous, que ce n’est que hier j’ai reçu votre lettre e celle de Dmitri du 14 Avril et écrites encore de Koursk.>1 Ré pondre à toutes les lettres que je reçois est devenu pour moi une habitude et répondre aux votres c. à d. penser à vous, causer avec vous est pour moi l’un des plus grands plaisirs. Comme je v-s ai écris, je crois dans ma dernière lettre, je suis pour le moment à Bucharest et y mène une vie tranquille et agréable. Je vais vous parler donc du passé — de mes souvenirs de Silistrie. J’y ai vu tant de choses intéressantes, poétiques et touchantes que le tems que j’y ai passé ne s’effacera jamais de ma mémoire. Notre camp était disposé de l’autre côté du Danube c. à d. sur sa rive droite, sur un terrain très élevé au milieu de superbes jardins apartenant à Moustafa-Pacha, le gouverneur de Silistrie. La vue de cet endroi est non seulement magnifique; mais pour nous tous du plus grand intérêt. Sans parler du Danube, de ses iles et de ses rivages, les uns occupés par nous les autres par les Turcs, on voyait la ville, la forteresse et les petits forts de Silistrie comme sur la main. On entendait les coups de canons et de fusils, qui ne cessaient ni jour ni nuits et avec une lunette d’aproche on pouvait distinguer les soldats Turcs. Il est vrai que c’est un drôle de plaisir que de voir des gens s’entretuer et cependant tous les soirs et matins je me mettais sur ma повозки et je restait des heures entières à regarder et ce n’est pas moi seul qui le faisait. Le spectacle était vraiment beau, et surtout la nuit. Les nuits ordinairement nos soldats se mettaient aux travaux des tranchées et les Turcs se jettaient sur eux pour les en empêcher, alors il fallait voir et entendre, cette fusillade. La première nuit que j’ai passé au camp ce bruit terrible m’a réveillé et effrayé, je croyais qu’on allait à l’assaut et j’ai bien vite fait seller mon cheval; mais ceux qui avaient déjà passé quelque tems au camp me dirent que je n’avais qu’à me tenir tranquille, que cette canonade et fusillade était une chose ordinaire et qu’on appelait en plaisantant «Allah». — Alors je me suis recouché, mais ne pouvant m’endormir je me suis amusé ma montre à la main, à compter les coups de canons que j’entendais et j’ai compté 100 explosions dans l’espace d’une minute. Et cependant tout ceci n’a pas du tout de près l’air aussi effrayant que cela le parait. La nuit quand on n’y voyait rien, c’était à qui brulerait le plus de poudre et avec ces milliers de coup de canons on tuait tout au plus une 30-ne d’hommes de part et d’autre. Vous me permettrez chère tante de m’adresser dans cette lettre à Nicolas; car une fois que je me suis mis à donner des détails de la guerre je voudrais continuer et m’adresser à un homme qui me comprenne et vous puisse donner des explications sur ce que vous paraitra obscure. — Ceci donc est le spectacle ordinaire que nous avions tous les jours et dans lesquels quand on m’envoyait avec des ordres dans les tranchées je prenais aussi ma part; mais nous avions aussi des spectacles extraordinaires, comme celui de la veille de l’assaut, quand on a fait sauter une mine de 240 poudes des poudres


стр.

Похожие книги