Печатается по копии Т. А. Ергольской, хранящейся в АТБ. Публикуется впервые. Текст написан рукой Т. А. Ергольской на листочке, хранящемся среди ее писем к Толстому. Над текстом две пометы, сделанные рукой той же Т. А. Ергольской: «30 Avril [30 апреля] и «t. d. l.l.d. V. (E. p.L.)», что значит: tiré de la lettre de Valerien (Ecrit par Léon) [извлечено из письма к Валерьяну (написано Львом)]. Означает ли «30 Avril» дату письма Толстого к гр. В. П. Толстому, или дату получения письма Толстого, или же дату выписки Т. А. Ергольской из текста письма Толстого — остается неизвестным. Условно мы считаем датой письма Толстого к гр. В. П. Толстому. Датируем 1854 г. условно на том основании, что листок был вложен в конверт, на котором рукой Т. А. Ергольской написан Бухарестский адрес Толстого.
1854 г. Мая 24. Бухарест.
24 Mai 1854. Bucarest. —
Figurez vous, chère tante, que jusqu’à présent — près de 3 mois, que je suis ici — je n’ai pas reçu une seule petite lettre de vous. Quoique je suis convaincu que vous m’avez écrit et que votre ou vos lettres doivent être perdues, ce silence extraordinaire m’étonne et me chagrine beaucoup. Si par hasard la lettre que je vous ai écrite en arrivant,>1 a subi le même sort, cela serait encore plus désagréable. Quoique malgré votre silence, j’aurais du vous écrire encore, je ne l’ai pas fait, moitié parceque d’un jour [à] l’autre j’attendais de vos nouvelles, moitié parceque je suis un vilain ce que j’avoue franchement et vous en demande pardon. Je me figure l’inquiétude que vous a causé mon silence surtout si vous êtes encore à Щербачовка (car j’ai écrit assez souvent>2 à Marie et Valér. les seuls dont j’ai reçu des nouvelles) et j’ai consience en pensant que tandis que vous me croyez exposé à tous les dangers de la guerre, je n’ai pas encore senti la poudre Turque et je suis très tranquillement à Boucarest à me promener à faire de la musique et à manger des glaces. En effet, tout ce tems, excepté 2 semaines que j’ai passé à Olteniza, où j’ai été attaché à une batterie, et une semaine que j’ai passé en courses par la Moldavie, Valachie et Bessarabie par ordre de Général Serjpoutovsky>3 auprès duquel je suis à présent по особымъ порученьямъ, je suis resté à Bucarest; et à vous avouer franchement, ce genre de vie un peu dissipé, tout à fait oisif et très couteux que je mène ici, me déplait infiniment. Auparavant c’était le service qui m’y retenait; mais à présent j’y suis resté pendant près de 3 semaines à cause d’une fièvre que j’ai attrapé pendant mon voyage, mais dont, Dieu merci, je suis pour le moment assez rétabli pour rejoindre dans 2 ou 3 jours mon Général, qui est au camp près de Silistrie. A propos de mon Général, il a l’air d’être un très brave homme et parait, quoique nous nous connaissons fort peu, être bien disposé à mon égard. Ce qui est encore agréable c’est que son état-major est composé pour la plupart de gens comme il faut. Les deux fils du Prince Serge>4 que j’ai trouvé ici sont de bons garçons surtout le cadet, qui, quoique n’ayant pas à lui seul inventé la poudre a beaucoup>5 de noblesse dans le charactère et un très bon coeur; je l’aime beaucoup.>6 —
Pour le vieux Prince,>7 il y a déjà longtems que je ne l’ai vu. Vous sentez bien qu’il a d’autres occupations que de penser à ma personne et que moi comme vous savez, je n’aime pas à chercher les occasions à me rappeler au souvenir des hommes comme lui, je n’ai pas trop profité de son engagement à venir tous les jours chez lui. Au reste il a été si bon pour moi et c’est un homme qui m’a inspiré tant de respect, que si jamais, dans quelque cas j’avais besoin d’un protecteur je m’adresserai directement à lui. En général, je me trouve sous tous les rapports dans une position assez agréable et il ne dépend que de moi, en me conduisant bien, (c. à d. ne faisant pas le paresseux comme je l’ait fait pendant tout ce tems) d’en être tout-à-fait content. Les seuls désagréments que j’ai eu sont ceux d’avoir été malade et en même tems à court d’argent, à présent ceux-là même n’existent plus, car je suis tout à fait bien portant et l’argent, que Valérien m’a envoyé, m’a tiré d’embarras. Je ne veux pas m’excuser d’avoir dépenser beaucoup d’argent (car excepté l’argent qui m’est resté de la route et celui que m’a envoyé Val., j’ai reçu déjà plus de 300 r. arg. de gages) j’avoue donc que je n’ai pas été très économe, mais aussi la vie ici est abominablement chère. Si vous êtes déjà à