А 259. Всплеск ярости - страница 19

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leur disposition, sur un lit, un cadavre — femme, dpoux, pdre, mdre ou enfant — ils se sont fait un devoir de ddposer, selon la formule con-sacrde, «un dernier baiser sur le front glacd du mort», mais on doit ddplorer que bien peu d’entre eux aient eu le courage de pousser plus loin leurs hommages posthumes, si ldgitimes pourtant dans le cas de la perte, par exemple, d’un dpoux ou d’une dpouse. Cette sdcheresse de coeur et ce manque de ddmonstrations subit s’excusent к peine par i’horreur de ce qui ne vit plus, lacqueile n’etait к l’origine que la repugnance pour la chair morte acquise au cours de sidcles par i’animal humain avec l’habitude des aliments cuits. La cuisson interviendra-t-elle, dans quelques mille ans, тёше en amour? Quoi qu’il en soil, conscients de i’af-front fait aux morts, les survivants s’efforcent de le pal-lier par des presents, fleurs et courotines, orndes de protestations d’affection ddclamatoires et non suivies d’effet. 11 n’est pas etonnant que M. Ardisson, au cours de sa carriere de fossoyeur, ait ete revolte par ces inscriptions fallacieuses et se soit decide к donner l’ex-emple qu’eut dO offrir tout honnete homme, en prou-vant son amour de l’humanite morte par des expansions plus indeniables.

L’usage de fomiquer avec les morts a toujours ete considdre comme au plus haut degre saint et moral. Sans rappeier la coutume de certains peuples, qui enterrent l’epoux vivant avec son conjoint decede, remarquons-en un vestige dans notre usage, qu’une personne veuve ne se remarie point avant quelque deiai. Or ce deiai n’a aucune signification, к moins qu’il ne soit consacie к des rapports sexuels d’outre-tombe. II fut sans doute primitivement mesure sur le temps qui precede la decomposition de cadavre. Les papes ont toujours Ш trbs partisans de cette union posthume, et тёте sans aucune limite de duree, ainsi qu’il 1’ont fort clairement exprime par leur hostilite permanente к regard du divorce, par lequel les epoux dluderaient, en i’autre monde comme en celui-ci, le devoir conjugal

La science moderne a ddmontrd que cette rigeur est exagdrde, et qu’il n’y a point d’utilitd, au point de vue de la reproduction, a prolonger les relations sexuelles avec les cadavres au-del& de trois jours. Passd ce terme, le cadavre masculine a perdu son pouvoir fdcondant. Dans la pratique, la mddecine ldgale restreint encore ce ddlai, et c’est dans les quarante-huit heures que la personne ddfunte est «arrachde aux bras des siens».

La copulation posthume dtant une chose si excel-lente, comment les magistrals ont-ils dtd amends к affecter de considdrer M. Ardisson comme un criminel ou un fou, empechant ainsi d’autres honndtes gens de suivre son exemple? Pour deux raisons:

1° Le viol des morts est, par quelche aberration capricieuse du Code militaire, un cas d’exemption du service. Nous covenons que notre patriotisme serait trou-bid к l’idde de voir un nombre, peut-etre par malheur trop grand, de consents prdfdrer quelques instantes passds dans un cimetidre к trois anndes de caserne. II serait к craindre que les industriels vendeurs de rubans tricolores substituent к leur commerce celui, plus lucratif, de fabri-cateurs de jeunes mortes ou entremetteurs fundbres. Aussi rautoritd militaire s’est-elle dmue et a-t-elle exered une piession occulte sur les juges de M. Ardisson.

2° Une surexcitation non moins vive s’est manifestde parmi les jeunes filles к marier, ldgitime-mentjalouses.

Cette dernidre information est cependant ddmentie par M. Ardisson lui-mdme, en ces termes: «Je ne pou-vais pas avoir de jeunes fiiles vivantes, et c’est pour cela que j’ai dtd oblige de prendre des mortes.» Nous ne croyons pas que M. Ardisson se soit ехрптё ici avec sa vdracitd coutumidre. Le dessein de M. Ardisson n’a pu etre autrefois, comme maintenant, que de faire, en tout, plaisir au juoe. Si le juge est, en effet, du тёте avis que le Code, comme se le figurait, en sa candeur, M Ardisson, it doit prdfdrer — h moins d’une duplicitd que nous n’osons supposer — le viol des mortes, autorisd par la loi,


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