Réflexions ou sentences et maximes morales

Réflexions ou sentences et maximes morales
Название: Réflexions ou sentences et maximes morales
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Жанр: Классическая проза
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Страниц: 135
Тип издания: Полный
Описание книги Réflexions ou sentences et maximes morales:

Cet ouvrage de La Rochefoucauld est l’œuvre d’un esprit très pénétrant qui paraît systématiquement occupé à une considération exclusive des aspects négatifs de la nature humaine, qui lui ont valu la qualification de philosophe de l’amour-propre, c’est que le pessimisme dont il est imprégné doit beaucoup à la doctrine de Port-Royal qui a marqué la littérature de l’époque classique. La dénonciation de la vanité humaine, la réfutation du libre arbitre, la mise à nu de la faiblesse de l’être et des feintes dont il use vis-à-vis de lui-même, ou la peinture de son insignifiance, doivent être pris comme autant de témoignages de cet esprit janséniste qui traverse les Maximes.

Grâce à la précision et à la netteté originales de son style, relevé par des ornements dont la distinction égale la sobriété, La Rochefoucauld a décrit son temps et une société pleine d’intrigues et de révolutions perpétuelles pour laisser, de modèles passagers envisagés dans une perspective pessimiste, une image immortelle.

«C’est un des ouvrages qui contribuèrent le plus à former le goût de la nation, et à lui donner un esprit de justesse et de précision… Il accoutuma à penser et à renfermer des pensées dans un tour vif, précis et délicat.»

Voltaire

François de La Rochefoucauld naît le 15 septembre 1613 à Paris sous le titre de prince de Marcillac en tant qu’héritier du duc de la Rochefoulcauld. Il est marié à l’âge de 14 ans à Andrée de Vivonne avec qui il a huit enfants. A l’âge de 16 ans, il rejoint l’armée avant de s’intégrer dans l’entourage de Marie de Rohan, femme très influente qui va jouer dans sa vie un grand rôle. Il devient en effet grâce à elle attaché à la reine d’Autriche. Il prend part au complot de madame Chevreuse contre Richelieu et une fois que celui-ci décède en 1642, il revient à la Cour où il jouit des faveurs de Louis XIV. Mazarin succède à Richelieu. Lors de la Fronde parlementaire en 1648, il défend les intérêts de la Cour même si l’entente avec Mazarin ne se passe pas au mieux.

Durant la seconde fronde, la fronde des Princes, il joue un rôle important en se montrant brave et en manquant de perdre la vue. Il se retire alors sur ses terres en 1653 à Verteuil et se met à l’élaboration de ses Mémoires (1662) qu’il consacre à la régence d’Anne d’Autriche durant les années 1624–1659. Il commence également en 1657 ses premières maximes ponctués d’aphorismes philosophiques qui vont faire de lui l’un des plus grands hommes de lettres. Il se lie d’amitié avec la marquise de Sévigné, Madame de Sablé et surtout avec Madame De La Fayette. Beaucoup ont cru pendant longtemps que La princesse de Clèves fut écrit de la main de La Rochefoucault, l’un des premiers romans célèbres qui fit connaître Madame de La Fayette.

Il met un terme à sa carrière militaire en 1667 et après avoir reçu l’extrême-onction des mains de Bossuet, il meurt le 17 mars 1680.

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Réflexions morales

Nos vertus ne sont, le plus souvent, que de vices déguisés.

1

Ce que nous prenons pour des vertus n’est souvent qu’un assemblage de diverses actions et de divers intérêts, que la fortune ou notre industrie savent arranger; et ce n’est pas toujours par valeur et par chasteté que les hommes sont vaillants, et que les femmes sont chastes.

2

L’amour-propre est le plus grand de tous les flatteurs.

3

Quelque découverte que l’on ait faite dans le pays de l’amour-propre, il y reste encore bien des terres inconnues.

4

L’amour-propre est plus habile que le plus habile homme du monde.

5

La durée de nos passions ne dépend pas plus de nous que la durée de notre vie.

6

La passion fait souvent un fou du plus habile homme, et rend souvent les plus sots habiles.

7

Ces grandes et éclatantes actions qui éblouissent les yeux sont représentées par les politiques comme les effets des grands desseins, au lieu que ce sont d’ordinaire les effets de l’humeur et des passions. Ainsi la guerre d’Auguste et d’Antoine, qu’on rapporte à l’ambition qu’ils avaient de se rendre maîtres du monde, n’était peut-être qu’un effet de jalousie.

8

Les passions sont les seuls orateurs qui persuadent toujours. Elles sont comme un art de la nature dont les règles sont infaillibles; et l’homme le plus simple qui a de la passion persuade mieux que le plus éloquent qui n’en a point.

9

Les passions ont une injustice et un propre intérêt qui fait qu’il est dangereux de les suivre, et qu’on s’en doit défier lors même qu’elles paraissent les plus raisonnables.

10

Il y a dans le cœur humain une génération perpétuelle de passions, en sorte que la ruine de l’une est presque toujours l’établissement d’une autre.

11

Les passions en engendrent souvent qui leur sont contraires. L’avarice produit quelquefois la prodigalité, et la prodigalité l’avarice; on est souvent ferme par faiblesse, et audacieux par timidité.

12

Quelque soin que l’on prenne de couvrir ses passions par des apparences de piété et d’honneur, elles paraissent toujours au travers de ces voiles.

13

Notre amour-propre souffre plus impatiemment la condamnation de nos goûts que de nos opinions.

14

Les hommes ne sont pas seulement sujets à perdre le souvenir des bienfaits et des injures; ils haïssent même ceux qui les ont obligés, et cessent de haïr ceux qui leur ont fait des outrages. L’application à récompenser le bien, et à se venger du mal, leur paraît une servitude à laquelle ils ont peine de se soumettre.

15

La clémence des princes n’est souvent qu’une politique pour gagner l’affection des peuples.

16

Cette clémence dont on fait une vertu se pratique tantôt par vanité, quelquefois par paresse, souvent par crainte, et presque toujours par tous les trois ensemble.

17

La modération des personnes heureuses vient du calme que la bonne fortune donne à leur humeur.

18

La modération est une crainte de tomber dans l’envie et dans le mépris que méritent ceux qui s’enivrent de leur bonheur; c’est une vaine ostentation de la force de notre esprit; et enfin la modération des hommes dans leur plus haute élévation est un désir de paraître plus grands que leur fortune.

19

Nous avons tous assez de force pour supporter les maux d’autrui.

20

La constance des sages n’est que l’art de renfermer leur agitation dans le cœur.

21

Ceux qu’on condamne au supplice affectent quelquefois une constance et un mépris de la mort qui n’est en effet que la crainte de l’envisager. De sorte qu’on peut dire que cette constance et ce mépris sont à leur esprit ce que le bandeau est à leurs yeux.

22

La philosophie triomphe aisément des maux passés et des maux à venir. Mais les maux présents triomphent d’elle.

23

Peu de gens connaissent la mort. On ne la souffre pas ordinairement par résolution, mais par stupidité et par coutume; et la plupart des hommes meurent parce qu’on ne peut s’empêcher de mourir.

24

Lorsque les grands hommes se laissent abattre par la longueur de leurs infortunes, ils font voir qu’ils ne les soutenaient que par la force de leur ambition, et non par celle de leur âme, et qu’à une grande vanité près les héros sont faits comme les autres hommes.


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